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Réduire sa consommation de viande est-il le geste écologique individuel "le plus efficace" ?

Publié le 30 mai 2023 à 18h01

Source : Sujet TF1 Info

Sandrine Rousseau a décliné l'invitation de Bruno Le Maire qui lui proposait de partager côte de bœuf.
"La réduction de la viande est le geste écologique individuel le plus efficace, de très loin", lui a-t-elle glissé.
Si se passer de l'avion pour voyager a un impact supérieur, privilégier une alimentation non carnée permet d'améliorer de façon notable son empreinte sur l'environnement.

Bruno Le Maire bientôt végétarien ? Ce n'est pas à l'ordre du jour, si l'on en croit une récente sortie télévisée du ministre de l'Économie. Sur le plateau de France 2, il a expliqué avoir goûté à des saucisses végétales, "très bonnes" selon ses dires, mais a, dans le même temps, proposé à la députée écologiste Sandrine Rousseau de "partager une côte de bœuf" avec lui. Si l'élue a accepté volontiers l'idée d'un repas, elle s'est opposée à un tel menu, préférant défendre la consommation d'aliments non carnés. "La réduction de la viande est le geste écologique individuel le plus efficace, de très loin", a-t-elle assuré au ministre.

Manger végé, une tonne de CO2 économisée par an ?

Se détourner de la viande, un geste particulièrement vertueux ? Le Commissariat général au développement durable rappelle que "la consommation de produits non transformés (fruits, légumes, viandes, poissons, céréales non transformées) est à l’origine de 26% des émissions" de gaz à effet de serre (GES). L'Ademe, pour sa part, souligne que "la production de viande représente aujourd'hui la moitié des gaz à effet de serre de l'alimentation alors même que nous sur-consommons des protéines : 90 grammes par jour contre 52 grammes de besoins nutritionnels journaliers". Dans ce contexte, réduire la viande dans son régime alimentaire améliore l'empreinte carbone. En se basant sur les travaux et les simulateurs proposés par l'Ademe, l'ONG Greepeace indique que devenir végétarien permet d'éviter l'émission de "766 kilos de CO2e (équivalent CO2, NDLR) par an". C'est encore davantage si l'on devient végétalien, de l'ordre de "1,01 tonne" par an.

Est-ce le geste individuel le plus efficace ? Pas forcément. Pour les Français qui prennent l'avion, opter pour un autre moyen de transport aboutira en effet à des économies d'émissions supérieures. Notons par exemple qu'un vol aller-retour Paris-New York conduit à émettre près de 1,8 tonne de CO2e par voyageur. Dans le même temps, la rénovation énergétique d'un logement peut, elle aussi, avoir un impact majeur, potentiellement supérieur à une modification de notre alimentation. Encore faut-il pour cela être propriétaire de son habitation et disposer des moyens nécessaires à la réalisation de travaux. Pour faire évoluer son mode de chauffage en particulier.

"Faire une hiérarchie, ce n'est au fond pas très pertinent", estime l’ingénieure de recherche au CNRS Carine Barbier, "face à l'ampleur du défi climatique, l'important est plutôt d'actionner tous les leviers à notre disposition". Spécialiste de l'impact de l'alimentation sur le climat, elle ajoute qu'agir sur notre alimentation "peut être très efficace à court terme, tout comme le fait de prendre le vélo plutôt que la voiture lorsque c'est possible". Néanmoins, seule une adaptation globale de notre économie, limitant notamment l'usage de ressources minières et agricoles, peut aboutir à des progrès significatifs. "Il faudrait en réalité tout faire à la fois", résume-t-elle.

Les gens qui prennent régulièrement l'avion affichent des émissions très supérieures aux autres, souligne Carine Barbier, mais "cela ne concerne pas toute la population". Contrairement à l'alimentation, puisque nous "mangeons tous normalement trois fois par jour". Réduire l'empreinte carbone de la société française, note l'ingénieure, "passe par des choix individuels, mais aussi et surtout par une réflexion sur la manière dont l'économie est organisée". Ainsi, "les politiques publiques doivent faire évoluer les infrastructures de transports pour les voyageurs ou les marchandises, organiser et financer des programmes de rénovation énergétique, inciter les entreprises à produire moins et mieux. Ces mesures façonneront ainsi un environnement économique favorable à l'adoption de comportements vertueux". Repenser les modèles de consommation ? Selon l'Ademe, se tourner vers des produits d'occasion (vêtements, électroménager...) au détriment de ceux neufs permet d'économiser près d'une tonne d'émissions par an.

Soulignons que l'Ademe, institution publique de référence en matière de transition écologique, propose désormais un site intitulé "Nos gestes climat". Sa promesse est simple : "En 10 minutes, obtenez une estimation de votre empreinte carbone de consommation." Une manière de mieux évaluer l'impact de son mode de vie et cibler des leviers à actionner à une échelle individuelle pour réduire son empreinte carbone.

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Thomas DESZPOT

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